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Regards croisés

PARCE QUE C’ÉTAIT LUI, PARCE QUE C’ÉTAIT MOI…

Voilà quinze ans qu’ils se croisaient dans l’univers des radios musicales. Quand l’un prenait la direction des programmes de RTL2, l’autre obtenait la charge de NRJ. Quand le second débarquait à la tête de Virgin Radio, le premier embarquait sur les ondes de Chérie FM. En parallèle, Roberto Ciurleo s’est lancé dans la production de spectacles à succès. Frank Montel, quant à lui, caressait le désir d’une comédie musicale autour des chansons de Michel Sardou. À l’heure où le rêve devient réalité, les deux hommes, autrefois challengers, scellent leur amitié…

BANDE-SON DE L’ENFANCE

Roberto Ciurleo : « Dès mon plus jeune âge, j’ai toujours beaucoup écouté Michel Sardou. Il faut dire que j’ai grandi à une époque où il était absolument incontournable : on le voyait souvent à la télé, l’entendait énormément à la radio, etc. Quand j’avais huit ou neuf ans, je constituais déjà des playlists dans lesquelles j’intégrais ses chansons. Et j’ai continué à le faire quand j’ai débuté ma carrière en radio… »

Frank Montel : « Quand j’ai perdu mon père, il y a maintenant dix ans, pour faire mon deuil je me suis armé de courage et j’ai trié les albums de famille. En revoyant les photos de mon enfance sur lesquelles il apparaissait avec ma mère, entre Montpellier et Saint Jean du Bruel, j’ai retrouvé des sensations et des odeurs de l’époque, ces refrains de Sardou que fredonnait si bien ma soeur Valérie. Et puis, au-delà de tout ça, dans ma tête j’entendais des chansons ; celles de Michel Sardou. Mon père l’adorait. Un jour, en voiture, je me souviens qu’il m’avait dit à son sujet : « Tu vois mon fils, Lui, on n’est pas près de l’oublier. Avec une telle voix, ces tubes et cette gueule… Dans quarante ans, Sardou sera toujours là ! » Il ne s’était pas trompé… »

SARDOU, LIEN FAMILIAL

Frank Montel : « Sardou diffuse des valeurs françaises, des valeurs que l’on partage au sein de la cellule familiale. D’ailleurs, dans ses chansons, Sardou a toujours décrit la famille avec beaucoup de justesse ; et de tendresse, aussi. Que ce soit dans Une fille aux yeux clairs, Il était là (le fauteuil), ou encore La vieille. Cette chanson, elle convoque dans nos souvenirs toutes les grand-mères du monde… »

Roberto Ciurleo : « À la maison, Michel Sardou avait une place importante. Avec le temps, j’ai cherché à analyser son succès, et je me suis notamment aperçu que des familles entières étaient fans de Sardou. Sardou, ce n’est pas un artiste que l’on écoute individuellement ; on l’aime collectivement. Pour cette raison, aussi, je pense qu’il est un cas unique dans l’histoire de la chanson française. Il est intergénérationnel et, d’une certaine façon, il crée du lien entre les gens. Moi, il me rappelle tellement de souvenirs. Quand j’écoute Rouge, par exemple, je ne peux pas m’empêcher de penser à mon père… »

UN RÉPERTOIRE EN HÉRITAGE

Roberto Ciurleo : « Je crois qu’il est le seul artiste francophone à posséder un répertoire qui peut permettre le show que nous voulons proposer. Pour des producteurs de spectacles, c’est un contenu extraordinaire… »

Frank Montel : « Les chansons de Michel Sardou, c’est un héritage intemporel. C’est pourquoi j’ai cette sensation qu’avec le temps, son oeuvre est sublimée. »

NAISSANCE D’UNE IDÉE

Frank Montel : « En hommage à mon père, je me suis replongé dans les chansons de Sardou ; j’ai racheté tous ses vinyles aux Puces de Saint-Ouen. J’ai travaillé sur mon idée, je l’ai développée. Puis, sur les conseils d’une amie commune, Jackie Lombard, elle aussi productrice de spectacles, j’ai soumis le projet à Roberto. Et, instantanément, j’ai su qu’il était la bonne personne pour m’accompagner dans cette aventure… »

Roberto Ciurleo : « Spontanément, quand Frank m’a parlé de son idée, je lui ai dit : ‘Mais, ce que tu veux faire à partir des chansons de Michel Sardou, c’est un Mamma Mia à la française ?!’ Depuis, cette accroche est restée, jusqu’à en devenir notre signature. Quand je prononce cette phrase autour de moi, ça percute immédiatement… »

DANS LES RÈGLES DE L’ART

Frank Montel : « Pour moi, cette story que j’ai imaginée entre Le Havre et New York, sur le paquebot FRANCE, est un spectacle renfermant des morceaux de vies, c’est aussi un symbole fort de transmission. D’une certaine façon, c’est l’héritage que mon père transmet à Louise, sa petite-fille. C’est un projet très pur, alors il était essentiel de faire les choses de la meilleure façon possible ; dans les règles de l’art… »

Roberto Ciurleo : « J’ai toujours pensé qu’il était nécessaire que l’on prenne notre temps ; pour expliquer, pour convaincre, pour travailler de façon professionnelle. Au moment où Frank m’a embarqué dans l’histoire, je n’étais pas armé pour réaliser ce Mamma Mia à la française. C’était une promesse très forte, qu’il fallait absolument tenir. Ce format façon Broadway, avec des chansons qui jouent un rôle dans l’histoire et lui permettent d’avancer, c’était la condition sine qua none à la réussite de ce projet. Entre-temps, j’ai fait la rencontre d’un merveilleux metteur en scène, Serge Denoncourt, qui m’a convaincu que l’on pouvait obtenir un résultat à la hauteur de nos ambitions. »

LES CHANSONS, TELLES QU’EN ELLES-MÊMES

Roberto Ciurleo : « Les chansons conserveront leur âme, avec leurs introductions, leurs codas, leurs envolées lyriques, etc. Tout ce qui a fait leur grandeur, finalement. C’est important que les spectateurs retrouvent les chansons qu’ils ont aimées. Faire du jeunisme avec Sardou, ça serait ridicule. Son atout, justement, c’est son intemporalité. »

Frank Montel : « Le répertoire de Michel Sardou est puissant, et c’est quelque chose que l’on entend respecter au-delà de tout. Sardou, c’est une voix, une gueule, mais il ne faut surtout pas oublier la qualité des textes et des musiques. Des qualités que l’on veut mettre en valeur tout au long du spectacle, en gardant l’ADN des chansons et la magie des orchestrations. »

PARCE QUE C’ÉTAIT LUI, PARCE QUE C’ÉTAIT MOI…

Roberto Ciurleo : « Quand tu es face à quelqu’un qui te parle aussi sincèrement que Frank, tu ne peux qu’être touché. Contrairement à lui, qui est surtout resté un homme de radio, je suis déjà dans la production de comédies musicales depuis une dizaine d’années. Ce spectacle, c’est aussi un cadeau que je lui fais, un hommage que j’essaie de rendre à son père. Au cours de la production, quand j’avais des mauvaises nouvelles, je les lui ai épargnées. Quand j’en avais des bonnes, j’étais heureux de les lui annoncer. Parfois, on a eu des conversations, on avait les larmes aux yeux. C’était très fort… »

Frank Montel : « Avec Roberto, on a la même culture, le même parcours, la même sensibilité et les mêmes goûts musicaux. On se ressemble, tout en étant très complémentaires. Il m’apporte beaucoup et va sublimer mon idée de « Je Vais T’aimer », un spectacle musical que je renferme secrètement dans mes tiroirs depuis quelques années. Avec Roberto, lorsqu’on a acté le fait de se lancer dans cette aventure, on s’est pris dans les bras. Je crois que nous étions aussi émus l’un que l’autre. Depuis, quelques années ont passé et je le considère vraiment comme un frère. Un frère à qui j’ai donné le cap de l’Atlantique pour cette aventure musicale et il en sera le capitaine, comme celui du « FRANCE » pour cette story de Je Vais T’aimer. »